Les Gargouilles Ludophiles
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 L'esprit de la terre (nouvelle)

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MessageSujet: L'esprit de la terre (nouvelle)   L'esprit de la terre (nouvelle) Icon_minitimeLun 4 Déc - 7:38

L'ESPRIT DE LA TERRE
(publiée le 10/02/2003 par Lyagor)

Mon père se présente devant moi. Il a déjà revêtu tout son équipement. L’air grave, il avance de quelques pas, s’agenouille et m’aide à ajuster le mien. Aujourd’hui c’est le jour de ma première chasse. J’ai attendu ce jour avec tant d’impatience qu’aujourd’hui ce n’est pas l’excitation mais la peur qui me tient le ventre. La peur de mal faire, la peur de ne pas être digne de notre famille et de la tribu des Arachnis.
Papa se redresse et me juge d’un oeil satisfait. Me voici fin prêt. A mes doigts et mes orteils sont accrochés des griffes facilitant l’escalade des troncs les plus lisses. Ma ceinture porte un poignard effilé fabriqué à partir d’une cheli... chelas... kel... enfin d’un des crochets dont se servent les araignées géantes pour mordre. Trois petites fioles pendent aussi à ma ceinture. Elles contiennent différents liquides qui sentent plutôt mauvais :à utiliser en cas de fuite devant des prédateurs ou pour brouiller une piste ; comme me le répète souvent papa « les insectes communiquent par voie chimique, par la voie des odeurs. Parvenir à brouiller leurs communications pendant quelques instants peut sauver la vie ». J’ai aussi une fronde et une dizaine de cailloux ronds et lourds que j’ai sélectionnés avec soin. Ils ne serviraient à rien contre les cuirasses des fourmis, mais il arrive que l’on découvre dans la forêt du gibier à peau souple : chevreuils, sangliers, renards, écureuils... c’est d’ailleurs sur ceux qui habitaient dans les arbres entourant le repaire que j’ai réalisé mon apprentissage à la fronde. Ces espèces-là sont en dessous de nous dans la chaîne alimentaire : on les chasse plus facilement. Papa lui ne porte pas de fronde ;par contre, il a un arc et un carquois garni de flèches, dont certaines sont enduites de poison d’araignée. Il a également accrochées à la ceinture deux fioles que je n’ai pas parce que je suis trop inexpérimenté :elles contiennent un produit chimique précieux appelé phéri... phéro... félam... enfin je ne sais plus exactement le nom, mais je sais que ce produit peut provoquer certaines émotions chez les insectes : peur, stress, agressivité... et les désorienter pendant un moment. C’est beaucoup plus efficace que mes produits qui sentent mauvais.
Avant de partir, nous nous enduisons tout le corps de boue et de divers onguents végétaux. Ils servent à camoufler notre odeur et à nous mêler à celle de la terre. Enfin, mon père me donne des conseils pour la chasse à venir. C’est inutile, je les connais déjà par cœur depuis que je suis tout petit : « Les insectes voient mal les détails, par contre ils détectent les moindres mouvements. La meilleure arme de défense en cas de rencontre avec un prédateur est donc l’immobilité totale.» « Ne jamais sous-estimer la force et la ruse de l’adversaire. Fourmis, guêpes araignées et autres carabes ont mille manières de traquer leurs proies. Les prédateurs sont partout. Aucun abri n’est sûr, aucun lieu n’est un refuge » et enfin celui qui me donne toujours la chair de poule: « Ne jamais venir en aide à un compagnon de chasse en détresse au péril de sa propre vie. Pour la survie de notre espèce, un lâche vivant vaut mieux que deux héros morts ». Papa, qui voit que je ne suis plus très rassuré, me fait un petit sourire encourageant. Puis nous quittons la pièce principale et, après avoir salué maman, gagnons la sortie de l’arbre-repaire en passant dans des entrelacs de branches et de toile. Je ne dois pas avoir peur. Dans quelques heures je serai devenu un vrai Arachnis.

Mon nom est Jolan. J’ai treize ans. Je vis avec mon père et ma mère dans une grande cabane bâtie au cœur des branches d’un chêne centenaire. Nous faisons partie de la tribu des Arachnis. Depuis tout petit, on m’apprend les dures lois de la vie sauvage en communion avec la nature féroce et hostile de cette forêt du centre de la France. On m’apprend aussi à imiter nos modèles :les araignées. Ainsi, notre repaire est entouré de soies de toiles d’araignées de différents types : les unes collantes pour emprisonner les proies imprudentes et dissuader les prédateurs d’approcher, les autres lisses et dures pour consolider le tout et fournir des passages sûrs au sein du repaire. Nous utilisons les poisons de l’araignée pour tuer et conserver nos proies, et l’escalade est pour nous un art dont la maîtrise est vitale. En tout, la tribu des Arachnis compte une cinquantaine de membres, répartis en une dizaine de familles. Nous voyons rarement les autres :chaque famille dispose d’un territoire de chasse de plusieurs hectares. Maman m’a raconté que c’est un vieil homme qui a fondé notre tribu. On l’appelle « l’ancien » ou « celui-qui-sait ». Il vient nous rendre visite de temps en temps. Il a des pouvoirs étranges :c’est lui qui a garni notre repaire de soies de toiles d’araignées, qu’il a fait apparaître en invoquant une puissance qu’il appelle « l’esprit de la terre ». il dit qu’il lutte pour la survie de l’humanité, et que celle-ci ne peut passer que par l’imitation des prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire, les insectes, les araignées et les scorpions. J’aime bien écouter ses histoires quand il vient nous rendre visite. Je l’ai déjà entendu dire qu’il existe dans des contrées lointaines d’autres hommes, qui ne vivent pas avec mais contre la nature, et qui comptent sur des machines pour assurer leur survie. L’ancien dit que ces humains sont redoutables, mais qu’ils suivent la mauvaise voie et s’éteindront d’eux-mêmes. Je pense qu’il a raison. De toute façon, je ne vois pas comment des humains qui n’ont pas les armes de l’araignée peuvent être redoutables…

La chasse a été bonne. Nous avons eu la chance de tomber sur un nid de grosses chenilles processionnaires. Leur corps juteux et nourrissant va garnir nos réserves de nourriture. Je suis fier de cette première chasse. Nous n’avons même pas rencontré nos pires ennemies de la forêt : les fourmis rousses. Je vois bien que papa aussi est fier de moi. Tout à coup, son regard s’assombrit et il me m’envoie au sol d’une brusque bourrade avant de s’aplatir à son tour. Une détonation a retenti, suivie d’une deuxième. Quel est ce prédateur ? Je n’ai jamais rien connu de semblable. Je cherche à m’enfuir en rampant. Après avoir parcouru quelques mètres, je jette un coup d’œil en arrière : je vois mon père qui s’est accroupi, arc brandi, prêt à tirer. Puis deux nouvelles détonations retentissent et je le vois s’écrouler frappé par un ennemi invisible. Je refrène un cri de douleur et reprend ma fuite. J’escalade rapidement un hêtre salvateur et me camoufle au plus profond de ses branchages. Après une minute d’immobilité totale, je me risque à observer l’extérieur. Deux créatures entièrement blanches sont sorties des buissons et se penchent à présent sur le cadavre de mon père. Elles ont ceux bras et deux jambes comme ceux de la tribu. Serait-ce des hommes des contrées lointaines ? Ils ne nous ressemblent pas : ils n’ont pas de visage, juste une sorte de plaque noire. Tous les deux tiennent dans leurs mains un étrange objet de forme allongée.
« Crétin ! Ca t’ennuierais d’économiser les munitions ? Maintenant nous voilà à court de seringues hypodermiques ! »
-Oh, excuse-moi, mais quand on me menace d’un arc, moi, je tire. C’est facile de parler quand on se tient bien planqué derrière !»
-Bon, bon, ça va, ne t’énerve pas. En tout cas le petit nous a échappé. A présent on ferait mieux d’aller explorer le truc bizarre dans le chêne là-bas. C’est ce qui devait leur servir d’habitation»
Ils parlent ! Ce sont donc bien des humains. Je les vois s’approcher de l’arbre-repaire. Près de l’arbre, sur le sol, gît le corps ma mère. La haine envahit mon esprit. Plus silencieusement qu’une tégénaire, je m’approche de l’arbre-repaire. J’en connaît tous les moindres recoins. Je les entend qui discutent dans la salle principale. Je les vois. Ils ont jeté au sol les sortes de plaques noires qui n’étaient fait que des masques. Je vois leurs visages. Je suis juste au dessus d’eux.
« C’est quand même incroyable qu’ils parviennent à vivre dans des conditions pareilles ! »
« Ouaip. Parfois, je me demande si c’est vraiment utile de les ramener à la cité. Après tout, ce ne sont plus vraiment des humains... »
« Allons, tu sais bien qu’on n’a toujours besoin de bras supplémentaires à la cité. Et de femmes pour nous fournir une descendance. Et puis... »
Il n’a pas le temps de finir sa phrase. Je lui ai déjà bondi dessus et mon poignard creuse un large sillon dans la chair tendre de sa gorge. Pendant qu’il s’écroule, l’autre ramasse l’objet allongé à ses pieds. Je plonge instinctivement sur le côté. J’entends une détonation. Je quitte la pièce, entraînant mon opposant vers une zone du repaire pleine de fils collants. Mon piège fonctionne à merveille. L’homme s’empêtre dans la glu des fils au point de perdre l’équilibre. Dans sa chute, il laisse tomber l’objet étrange. D’un coup de pied, je l’envoie valdinguer hors de sa portée. L’homme se débat, tentant avec énergie de se dépêtrer du piège de soie. Il paraît ridiculement vulnérable à se contorsionner ainsi. J’abrége ce spectacle grotesque d’un coup de poignard en plein cœur.
Une fois dehors, j’examine les corps de mes parents. Ils sont vivants ! Juste endormis. Quelques heures après, ils se réveillent, et nous nous tombons mutuellement dans les bras. En explorant les alentours pour découvrir l’origine des deux agresseurs, nous tombons sur un monstre aux larges yeux ronds, de grande taille, et parfaitement immobile. En nous approchant, je remarque à l’intérieur du monstre le corps allongé et inconscient de l’ancien. Le monstre est en fait une machine très compliquée, me disent mes parents. Elle se laisse éventrer sans broncher, et nous pouvons délivrer l’ancien, qui avait lui aussi été capturé par nos agresseurs. Quand mes parents lui racontent mon exploit, il est très impressionné. Le lendemain, il leur annonce qu’il a décidé de faire de moi son successeur. Aussi leur demande-t-il s’ils acceptent de me confier à lui pour me former. Mes parents hésitent un temps, mais c’est un honneur qui ne saurait être refusé. Le soir même, je pars avec l’ancien vers des territoires inconnus.

Cela fait à présent un an que j’accompagne l’ancien partout où il va. En sa compagnie j’ai appris une multitude de choses. Essentiellement sur la nature, bien sûr :les modes de vie des insectes, leurs communications à distance par phéromones, l’organisation de leur sociétés. Mais l’ancien m’instruit aussi sur des sujets plus divers :les civilisations humaines avant le grand réveil, la lutte que nous devons mener pour ramener l’humanité dans le droit chemin du respect de la nature. Moi aussi je commence à devenir sensible à l’esprit de la terre. L’ancien me dit que bientôt je maîtriserai ses pouvoirs. J’ai hâte que cela se produise :je pourrais alors partir de mon côté convaincre des humains de terres étrangères de former une nouvelle tribu d’Arachnis . En attendant ces jours lointains, je reste dans les pas de l’ancien, la main toujours prête à sortir en cas de danger mon poignard formé à partir d’un de ces crochets qu’utilisent les araignées pour mordre, une chélicère...


Lyagor
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